Quelques semaines après la célébration des 30 ans du zouglou, Top Visages Live s’est entretenu avec Axel Illary, producteur et réalisateur du premier film documentaire sur le zouglou : Zouglou Feeling. L’homme n’est pas à son premier essai dans le film documentaire. En 2002, il avait déjà réalisé La Côte d’Ivoire à l’épreuve de la Liberté de la presse et 3 années après, en 20005, il a produit Génération Couper-Décaler. Axel Illary est aussi le fondateur du quotidien en ligne La Dépêche d’Abidjan et le Directeur de publication de Tribune Ouest. Entretien.
. En décembre dernier, les 30 ans du Zouglou ont été célébrés à Abidjan. Que vous inspire un tel évènement ?
– C’est une initiative louable. S’il est admis que le zouglou est l’identité musicale de la Côte d’Ivoire, il était important de le célébrer 30 ans après sa naissance. Le zouglou étant un rythme populaire, il serait judicieux d’avoir des scènes dans différents endroits du pays. Il faudra aussi prévoir des activités comme des conférences, des ateliers, etc, sur des thèmes relatifs au zouglou. De mon point de vue, l’organisation d’une telle fête dédiée au zouglou devrait être l’affaire du ministère de la culture. L’État ivoirien doit s’impliquer davantage dans la promotion de ce rythme. Cette célébration peut être l’occasion de mettre en lumière des réalisations qui concourent à la promotion du zouglou.
. ‘’Zouglou Feeling’’, ce film documentaire est un projet que vous portiez depuis quelques années. Qu’est-ce qui a motivé sa sortie maintenant ?
– Je pense que c’était le moment. C’est le cheminement normal des choses par rapport à la stratégie. Nous avons sorti la première compilation de musique zouglou ici sur la place parisienne appelée « Zouglou Feeling ». C’est un concept que nous essayons de développer dans le cadre de la promotion de cette musique. Après la compil, nous en avons fait une déclinaison au niveau de YouTube avec la chaine « Zouglou Feeling » qui regroupe toutes les productions de la musique zouglou. Nous avons sorti des tee-shirts dans ce même label. Le documentaire vient, en quelque sorte, compléter une série d’actions que nous menons pour la promotion du Zouglou.
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– Le zouglou mérite un documentaire. C’est une musique qui a apporté un changement dans la société ivoirienne. Il fallait le faire pour la postérité. Mais surtout pour passer un message. Je suis un acteur du mouvement zouglou et j’ai des compétences qui me permettent de m’exprimer dans le domaine de l’audiovisuel. Donc, je me suis engagé. J’ai aussi bénéficié d’une opportunité que m’offrait la fête des 25 ans du zouglou à Paris. Beaucoup d’acteurs du Mouvement Zouglou étaient en France pour l’occasion. Nous nous sommes dit : c’est le moment.
. Bravo le film est là ! Mais quel est votre projet de diffusion ?
– Le rêve de tout réalisateur est de voir son film diffusé. Quand on fait un film, on contacte des diffuseurs qui, en fonction de l’intérêt qu’ils ont pour le projet, acceptent de le diffuser ou pas. A ce propos, nous sommes en contact avec des diffuseurs. Mais le film est disponible sur une plateforme de vidéo à la demande. Nous sommes en négociation avec certains diffuseurs en Afrique et des salles de cinémas. Mais le plus important dans un film est que son message atteigne sa cible, quel que soit le moment de sa diffusion. Pour le reste, nous sommes à l’écoute des retours de nos propositions.
. Le Zouglou d’hier à aujourd’hui, comment le voyez-vous ?
– Il y a eu une évolution dans le zouglou. Evidement, la réponse à cette question est dans le documentaire que je conseille de voir. Il y a eu une véritable évolution de cette musique par rapport à ses débuts. Elle a été l’objet de beaucoup de critiques. Aujourd’hui, les faiseurs de zouglou sont des vrais artistes musiciens. Il y a 30 ans, ils ne s’exprimaient pas en live. Aujourd’hui, tous le font. La bataille qu’il faut mener est d’amener à faire connaitre cette musique au-delà de la Côte d’Ivoire.
. Certains zouglouphiles regrettent aujourd’hui la disparition du beat zouglou dans certaines productions. Il y a plus de rythmique couper-décaler chez certains zouglou d’aujourd’hui.
– Ils n’ont pas tort, mais si vous voulez, c’est un choix de certains artistes zouglous qui confient leurs œuvres à des arrangeurs qui font du couper-décaler. Ils estiment que les chansons couper-décaler sont mélodieuses. Parce que le couper-décaler en lui-même dérive du zouglou. Mais la question qu’on peut se poser est de savoir si en procédant de cette façon le zouglou peut, à terme, garder son originalité ?
. On vous sait très proche du groupe musical zouglou Les Salopards. A votre passage à l’émission Esprit zouglou sur la radio La voix de la diaspora, vous avez programmé Yodé et Siro en lieu et place des Salopards. Pourquoi ?
– Héritage de Yodé et Siro est une chanson qui est d’actualité, c’est une chanson qui me parle et qui, pour moi, mérite d’être diffusée parce que notre pays traverse une période difficile de son histoire. Il était important pour moi de faire écouter cette chanson. C’est dans cette même logique que j’ai proposé la diffusion de Trop C’est Trop d’Espoir 2000 au regard des violations des textes fondamentaux de nos Etats en Afrique. Je voudrais, à travers ces chansons, que chacun de nous réfléchisse à l’avenir de nos Etats.
Réalisée par Carino De DIMI, à Paris