C’est à Vienne, en 1961, au cours du 9ème Congrès mondial de l’Institut International du Théâtre (IIT) qu’a été créée la Journée Mondiale du Théâtre. Et à partir de 1962, chaque année, le 27 mars (date de l’ouverture de la saison 1962 du Théâtre des Nations à Paris), la Journée Mondiale du Théâtre est célébrée par les Centres Nationaux de l’IIT qui existent actuellement dans une centaine de pays du monde et par les membres de la communauté théâtrale internationale. A l’instar de ces institutions affiliées à l’IIT, le Centre d’action culturelle d’Abobo (Cacab) dirigé par Mme Hortense Zagbayou Békouan, a marqué le lundi 27 mars 2023, la Journée mondiale du théâtre par de nombreuses activités.
« C’est le lieu pour les institutions et professionnels du theâtre, de faire l’état des lieux en vue de redynamiser la pratique théâtrale », a dit Mme la directrice du Cacab à l’ouverture de cette célébration dans les locaux de son instituton. A cette occasion, elle a initié un programme riche autour du thème ‘’L’apport des pionniers du théâtre dans l’encadrement et la formation de la nouvelle génération’’. Parmi la panoplie d’activités prévues à cet effet, il y eu la présentation d’une pièce géante dans les rues d’Abobo avec la mise à contribution des passants, des prestations dans la grande salle du centre culturel et un hommage rendu à Bienvenu Neba.
‘’Pour la renaissance du théâtre, il faut jouer’’
Dans la salle remplie d’étudiants en théâtre et des hommes de culture, des extraits de quelques pièces de théâtre ou de films avec l’icône du théâtre ivoirien ont été projetés. Après ces beaux souvenirs de sa riche carrière, l’invité du jour a échangé avec le public sur l’avenir du théâtre ivoirien, voire africain. « Pour la renaissance du théâtre, il faut jouer. Le constat aujourd’hui, c’est qu’il y a une baisse dans le théâtre », a regretté Bienvenu Néba.
« La porte pour aller au cinéma, c’est le jeu de scène au théâtre »
Dans son exposé, M. Néba a également déploré le fait que les jeunes d’aujourd’hui vont directement au cinéma sans passer par les planches. « De nombreux jeunes veulent être acteurs de cinéma car là-bas, c’est bien payé. Mais la porte pour aller au cinéma, c’est le jeu de scène. Comme ça, quand vous arrivez au cinéma, vous n’aurez plus de problème », a conseillé cette légende qui a brûlé les planches ici et ailleurs.
Interpellé par une étudiante pour savoir s’il avait réellement eu envie de s’expatrier comme il l’avait signifié dans une émission télé, le monstre sacré du théâtre ivoirien a fait savoir que ça lui faisait mal que les comédiens venus d’Europe soient mieux payés que ceux restés au pays quand ils devraient jouer ensemble dans une pièce. « J’avais effectivement envisagé de m’installer en France après ma retraite. Finalement, je me suis dit que ce n’était pas une bonne idée. Car j’allais tout recommencer. Et puis, il vaut mieux être chef de mon petit village que d’être étranger dans un gros village. Enfin, retenez que la qualité n’est pas forcement de l’autre côté de la mer », a souligné l’ancien professeur à l’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (Insaac) à Abidjan-Cocody.
Bienvenu Néba a été le premier à incarner M. Tôgô-Gnini dansla célèbre pièce de Bernard Dadié, le 27 septembre 1967. Il a aussi joué dans de célèbres pièces comme ‘’Revenez dans huit jours’’, ‘’La tragédie du roi Christophe’’, ‘’Cocody Johnny’’… Cette figure emblématique du théâtre ivoirien a également prêté ses traits dans plusieurs films tels ‘’Pétanqui’’(1983), ‘’Toungan’’(1992), ‘’La convocation’’(2020) …. ‘’Les Coups de la vie’’ (2022).
A cette cérémonie d’hommage à Néba au Centre d’action culturelle d’Abobo, il avait pour invités Guy Kalou, Franck Vléi, Jimmy Koy Stéphane Zabavy et Tonga Béhi.
O. A. Kader