Calixthe Beyala a poussé un gros coup de gueule en mai dernier au Cameroun. L’écrivaine qui était invitée au salon du livre a saisi l’occasion pour expliquer pourquoi elle n’avait pas sorti un roman depuis 2014 et son œuvre ‘’Le Christ selon l’Afrique’’. En fait, elle a mis le doigt sur un problème dont souffre toute l’Afrique.
« En ce moment, j’écris, mais il me manque de la lumière, parce que j’ai l’impression qu’il manque de la lumière au Cameroun en ce moment. J’ai découvert que dans ce pays, les gens ne s’aiment pas, se jalousent beaucoup, que l’argent est devenu le centre d’intérêt de toute une génération qui fonctionne par la ruse et non par l’amour. On ne partage plus l’amour, et un auteur a besoin d’une bonne dose d’amour pour écrire. Même en plein chaos, le romancier a pour fil conducteur la lumière. Au Cameroun, l’auteure que je suis cherche la lumière. J’ai découvert qu’on prononçait le mot « Dieu » sans avoir une densité christique à l’amour. L’auteure que je suis s’interroge sur ce que nous devenons, parce qu’il est très facile de critiquer la politique, mais le problème vient de nos cellules familiales. Il y a une véritable crise morale que nous traversons (…) Vais-je écrire 500 pages sur le mensonge, la dépravation, la ruse, les interdits, la méchanceté, la jalousie ? »