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Kandy Guira : pour l’amour, la passion et… la musique

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Adoubée par la diva Oumou Sangaré, qui affirme qu’elle est la future star de l’Afrique, Kandy Guira l’Amazone du “Faso Electropop” et prix découverte RFI (2021) est incontestablement le nouveau visage de la musique féminine burkinabé à l’international. Sa voix puissante et son charisme au naturel font d’elle une artiste totalement engagée pour l’inclusion, notamment pour la cause des personnes sourdes et malentendantes. Portée par les tambours bendrés et la cloche Kandy Guira a donné une autre dimension aux rythmes traditionnelles wiiré et warba. En y ajoutant la guitare rock et les sons électro, sa musique se transforme pour devenir à la fois vibrante, festive et explosive.
Rencontrée à la 37ieme éditions du festival Nuits d’Afrique de Montréal, tout juste après sa prestation à la soirée de clôture le dimanche 23 juillet 2023, la native de Yamoussoukro (Côte d’ivoire) livre sa vision sur le monde qui nous entoure.

. Kandy Guira Bonjour!
– Bonjour !

. Tout juste sorti d’une tournée américaine avec Oumou Sangaré, te voilà déjà au Canada pour 4 dates,
4 villes en une semaine. Qu’est-ce qui te fais tant courir ?
– La passion, la passion, la passion et surtout l’amour de la musique. C’est vrai c’est fatiguant, c’est épuisant. Mais c’est le métier qu’on a choisi et j’aime ça. (Rire)

. Dans ce métier. On vous a connue comme choriste pendant longtemps. Qu’est-ce qui vous a motivé à faire le saut pour une carrière solo ?
– Les gens ne le savent pas, mais j’ai d’abord été en solo avant de faire les chœurs. J’avais commencé au
Burkina Faso en tant que lead dans différents cabarets. Je suis devenue choriste parce que j’aime également ce métier. Donc, quand on me sollicitait, j’y allais avec plaisir. D’où le fait d’être choriste. Sinon, je suis avant tout une artiste solo. J’ai commencé dans le showbiz en tant que danseuse, ensuite j’ai atterri dans le mannequinat et la musique m’a accueilli après. J’ai longtemps été danseuse et chanteuse pour les artistes handicapés.


. …
– La musique, c’était la suite logique. J’étais plutôt passionnée par la scène. Que ce soit la danse, le mannequinat ou la chanson j’ai toujours fait corps avec la scène. Entretemps, j’ai été beaucoup plus sollicitée dans la musique que dans les autres disciplines. Et quand je me suis retrouvée la-dedans, j’ai
beaucoup travaillé. J’ai travaillé également ma voix et à partir du moment où j’ai commencé à super bien
chanter, je me suis dit pourquoi pas ?

. De plus en plus de jeunes filles embrassent le métier de chanteuse au Faso. Est-ce que le regard de la société a changé sur les femmes dans la musique ? Quelle a été la réaction des parents ?
– C’était difficile… vraiment difficile, surtout que dans la famille il n’y avait pas de visages de stars, de grande sœur ayant percé dans la musique. Ce n’était donc pas évident de convaincre les parents de poursuivre la-dedans. Après, j’ai essayé, on a essayé de leur parler de Amety Meria, Aicha Koné, les Miriam Makeba…. Il me fallait trouver des grands exemples pour leur faire comprendre que c’est un métier à part entière. Un métier noble pratiqué également par des dames respectables. En gros, il m’a fallu de bons arguments pour convaincre mes parents.

. Par la suite, vient ton premier album… Ça a été quoi la réaction du public ?
– Super, super. Franchement, j’ai toujours eu de super bons retours. Et un très bon accueil du public. Et d’ailleurs c’est la réaction des gens même qui m’a donné le courage de persévérer et d’aller au-delà de mes peurs. J’ai été tout de suite entourée de gens bienveillants qui m’ont encouragée. Alors, j’ai tenu bon.

. Aujourd’hui, tu tournes énormément partout dans le monde. Ton dernier album cartonne et tu es sollicitée dans les grands festivals. Malgré tout, tu continues d’être choriste auprès d’Oumou Sangaré ?
– Ce n’est pas que je n’arrive pas à couper le cordon. Oumou Sangaré est comme une maman pour moi. Donc, à chaque fois qu’elle aura besoin de moi, je serai là. Mais elle est consciente aussi que je suis dans mon projet solo et que je suis amenée à être absente. Ça, elle l’a intégrée et elle m’encourage même. Là même, avant de venir ici sur Montréal, elle m’a prise à part pour m’encourager et me donner davantage de conseils. Franchement, être à ses côtés est juste un plaisir.

. Oumou Sangaré te qualifie de la future grande star d’Afrique…
– (Large sourire) C’est pourquoi à chaque fois qu’elle a besoin de moi, je réponds présent. J’apprécie ses commentaires. Et je vis ça bien. Je vis ça avec la chance d’avoir encore mon mentor avec moi… Je profite de chaque moment avec elle.

. Ta musique qu’on définit comme le Faso Electropop, qu’est-ce que cela englobe exactement ?
– Ma musique, je la décris comme du Faso Electropop. Parce que ma racine, c’est tout ce qui est du terroir du Burkina Faso. Tout ce qui est musique traditionnelle de chez moi, que j’utilise pour créer une connexion entre mon pays adoptif, la France là où je réside et mon pays d’origine le Burkina Faso. Et c’est en réunissant ces deux univers que j’ai créé le Faso Electropop. Vu que je ne rentre pas dans aucune case, il me fallait construire ma propre case. C’est du Warba, de la musique traditionnelle, de l’électro. Je suis allée chercher le génie créateur pour créer cette alchimie musicale.

. On te définit également comme membre des Amazones d’Afrique. Qu’est-ce que c’est exactement ?
– Amazones d’Afrique est un collectif qui défend l’émancipation des femmes d’Afrique, créé par une dame en France qui s’appelle Valérie Ballo. Le collectif réunit quatre pays, le Burkina Faso, le Mali, Benin, la Côte d’ivoire. J’en fais partie et je tourne également avec ce collectif. Nous sommes plusieurs artistes, Mamani Keita, Dobet Gnaoré, Fafa Ruffino, Angelique Kidjo… Le but premier est de permettre aux
femmes de se prendre en charge. Éveiller les consciences de nos sœurs en identifiant leurs problèmes et y apporter des solutions. Apporter des réponses de femmes aux questions des femmes est notre raison d’être.

. Et puis, il y a eu le Prix découverte RFI…
– Oui. Ça m’a apporté beaucoup, notamment en terme de visibilité. Ça m’a permis d’être vue partout, sur tous les continents. Moi, je suis une artiste indépendante. Du coup, si on n’a pas de diffusion, ça risque d’être compliqué. Avec RFI talents, qui a été renouvelé deux années de suite, ça m’a apporté beaucoup d’ouverture. Ça a permis à ma musique de rentrer dans la maison de quasiment tout le monde, dans le monde entier, sur tous les continents.

Dramane K. Denkêss

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