Après le fameux incident survenu lors du récent concert de Fally Ipupa au Sofitel Hotel Ivoire d’Abidjan, deux questions s’imposent. Premièrement, Yérim Bakayoko a-t-il vraiment fait jeter Avy Isaac hors de la salle ? Secondement, pour quelles raisons Avy Isaac s’est-il fait expulser sans ménagement ?
Depuis le concert, le fait qui a créé le buzz, c’est la rumeur selon laquelle Yérim Bakayoko aurait fait expulser Avy Isaac surnommé l’ambassadeur de la sape. Une information hâtivement diffusée par des buzz-makers, qui, non seulement est fausse, mais donne au fils de l’ex Premier ministre une image qui n’est pas la sienne. En tous cas, ce soir-là, il n’a rien fait de tel. En tant qu’invité spécial, il attendait qu’on lui indique sa place.
Parce que, au cours de son concert, Fally Ipupa s’apprêtait à rendre hommage à Hamed Bakayoko. Et c’était l’une des raisons de la présence du jeune homme. Mais d’où vient que son nom a été mêlé à l’incident ? Pourquoi Avy Isaac a-t-il été traité comme un malpropre ?
Il ne s’agit pas ici de savoir pourquoi Avy Isaac a refusé de céder des places qu’il avait bloquées, ni pourquoi Danièle Sassou, la belle-fille du président Sassou Nguesso et ses invités ont exigé qu’Isaac change de place. Car le problème n’est pas à ce niveau. Mais plutôt au niveau de l’organisation du concert.
« Vous n’êtes pas arrivé tôt, les places sont déjà occupées »
C’est une légèreté que tous les organisateurs de spectacles commettent en Côte d’Ivoire. Le respect et le confort du public ne semblent pas être une préoccupation pour les promoteurs. Certains poussent parfois le mépris jusqu’à vendre plus de tickets qu’il n’y a de places. L’important, pour eux, étant d’amasser le maximum d’argent.
La plupart du temps, on fait payer au public des places dites V.I.P. Mais à l’arrivée, si vous êtes en retard au spectacle, vous pouvez perdre votre place. Et on vous répond avec un amateurisme et une froideur déconcertante : « Vous n’êtes pas arrivé tôt, les places sont déjà occupées ». Pourtant, vous avez payée cher pour cette place VIP.
Et si ces désagréments se répètent depuis des années, c’est parce que, d’une part, les gérants des salles ne sont pas rigoureux sur les règles pour éviter des débordements. Et d’autre part, parce que les organisateurs n’ont jamais pris le soin de numéroter les places et les tickets qu’ils vendent au public. Et de veiller à ce que les personnes qui arrivent dans la salle soient orientées vers les places dont leurs tickets portent les numéros.
Respecter l’ordre et la sécurité du public
C’est justement pour respecter l’ordre et la sécurité du public que, dans les endroits bien organisés, le ticket VIP ne porte pas ce nom juste pour la forme. Celui qui l’a acheté trouvera sa place dans le carré VIP. Et celui qui a un ticket d’un spectacle a le loisir de venir à l’heure qui lui convient. Ou, si des imprévus lui ont causé du retard, il est sûr que la place qu’il a payée lui est réservée. Or, jusque-là, à Abidjan, on constate que, même si vous avez acheté une place VIP et que vous êtes en retard, vous risquez de retourner chez vous avec votre ticket parce que les premiers venus ont occupé toutes les places.
Un vrai désordre organisé dans lequel les organisateurs semblent se complaire ici. Et puis, comment expliquer qu’à un spectacle dans une salle de 1500 places, par exemple, une personne qui a acheté un ticket soit obligée de rester debout ? Qui a donc occupé la place qu’on lui a vendue ?
Pourquoi les gens peuvent-ils s’asseoir où ils veulent, comme ils veulent, chacun se permettant même de marquer (bloquer) trois ou quatre places pour ses amis ? Et pourquoi un spectateur peut-il ordonner à un autre spectateur de quitter une place ?
On risque de transformer des salles prestigieuses en arène de pugilat
C’est cette sorte de bazar lors des spectacles qui est la vraie origine et l’explication de l’incident survenu le week-end dernier lors du concert de Fally Ipoupa. Il ne faut pas chercher ni dans l’attitude d’Avy Isaac, encore moins dans celle des jeunes femmes pour qui des gros bras ont dû faire le ménage en froissant monsieur l’ambassadeur de la sape. Nos organisateurs de spectacles doivent revoir leur organisation et la rendre plus professionnelle. Sinon, on risque de transformer des salles prestigieuses comme celle de l’Ivoire en arène de pugilat.
R. Jordan et Charly Légende