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Reggae : Romy K, ‘’Pourquoi les majors ferment leurs portes’’

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Le reggaeman Romain Gnaoré Kouho alias Romy K est sur les bords de la lagune Ebrié depuis quelques semaines. Il est venu présenter son 4ème album de 16 titres ‘’Human Révolution’’. L’artiste s’est confié à cœur ouvert à Top Visages Live.

La bass guitare basse est l’instrument de prédilection de Romy K, qui a débuté́ sa carrière musicale dans les années 2000 en Côte d’Ivoire. ‘’J’ai découvert le reggae à travers Aston Barret des Wailers de Bob Marley. J’ai aimé ses lignes de basse. Et ça été le coup foudre pour le reggae. Par la suite, je me suis intéressé aux messages et je me suis plongé dans cette musique’’, se souvient-il.
Avant de se lancer dans une aventure en Casamance, au Sénégal  pendant deux ans, avec son orchestre, ils font plusieurs scènes. En passant  par la Gambie et la Guinée Bissau.

A la suite d’une tournée européenne, le musicien chanteur se retrouve en France. En 2009, il créé son association Aphrika-Beat, qui deviendra également son label. En 2010 et 2012, il produit deux albums le premier « Free Africa », et le deuxième « Duste And Tears« . En 2014, il produit un single avec la Jamaïcaine Jennifer Barrett. 2017, il produit son troisième album baptisé ‘’Have Faith’’. En 2019, il sort un single intitulé ‘’Faut Pas l’Abandonner’’. Et, trois ans plus tard, il sort deux singles ‘’Are You Readry’’ et ’’Kuihé’’ en 2021.

. Comment ta carrière a-t-elle débuté en Côte d’Ivoire ?
– (il cherche) En Côte d’Ivoire, c’était un club d’amis de musiciens et de chanteurs qui se retrouvaient juste pour se faire plaisir. C’est au Sénégal, précisément en Casamance, que j’ai pris conscience de mon talent de musicien, de compositeur et de chanteur. Et j’ai tourné pendant deux ans avec le groupe Fogni. En Gambie, grâce notre notoriété, nous avons été reçus par l’ex-Président Yaya Jamméh. Et nous avons tourné aussi en Guinée Bissau.

. De l’instrument au micro, qu’est ce qui t’a réellement motivé ?
– C’est ma détermination de me prononcer sur certains faits de la société qui m’a poussé à prendre le micro. Parce qu’à la basse, je ne pouvais pas exprimer ce que j’avais envie de dire. Parce que je me reconnais comme un panafricaniste, je vois le combat que la jeunesse africaine mène. Si je n’emboite pas le pas à cette jeunesse, je vais m’en vouloir. C’était comme un fardeau. C’est pourquoi je ne pouvais pas me contenter de jouer de la guitare basse, il fallait que je prenne le micro pour chanter.

. Comment es-tu parti en Europe ?
– C’est à l’occasion d’une tournée européenne que je suis resté en France. Pendant notre séjour, notre manager a bloqué nos passeports pensant qu’on allait ‘’caler’’ comme on le dit dans le jargon ivoirien. Et, finalement, sans payer nos cachets, il a disparu avec nos passeports. C’était vraiment absurde. Et voilà comment je suis resté en France pour commencer une nouvelle aventure.

. Comment as-tu fait ton intégration en France ?
– Après la France, je suis parti en Amérique du Sud précisément au Suriname où j’ai découvert des Africains qui pratiquent encore les traditions Ashanti de manière authentique. Et par la suite, je suis revenu en France. Dans le but de me frayer un chemin, j’ai créé en 2009 l’association ‘’Aphrica Beat’’. Avec cette structure, j’ai mis sur le pied un festival dénommé ‘’Universel Africa Reggae ‘’, qui se tient chaque année dans le 10 éme Arrondissement de Paris. L’objectif était de trouver une alternative pour tous les autres acteurs du reggae qui ne peuvent pas ou qui ont des difficultés à s’imposer en France. Après Alpha Blondy, Tiken Jah, qui ont été signés en major. Les majors ne veulent plus d’autres artistes africains dans leur écurie.

. Et quelles en sont  les raisons ?
– Bêh, c’est une réalité qu’on ne dit pas assez aux artistes reggae. Sachez que les majors ne veulent pas d’artistes africains dans les majors, pas plus qu’il n’en faut. Sinon, ce ne sont pas les talents qui manquent. Tout ce qui est noir, les majors imposent un quota. Alpha Blondy et Tiken Jah, les majors se disent, ça suffit. C’est ce qui fait que nous sommes tous bloqués. Et ça devient de plus en plus compliqué pour les artistes indépendants. C’est pourquoi tu es obligé de créer ton propre circuit pour te positionner. D’où l’existence de mon festival.

. Quelle sont tes relations avec les chanteurs reggae en Côte d’Ivoire ?
– Tout se passe bien. Mon séjour est formidable. Mes frères reggaemen sont très sympas avec moi, c’est la famille. Il y a quelques années, j’avais apporté mon aide pour le nouveau local du village rasta.

. Quel est le bilan à mi-chemin de ta carrière ?
– C’est positif pour moi en Europe, je ne me plains pas. Mais la problématique en Europe, pour participer à un festival, il faut être recommandé par une major. C’est dans cette difficulté que nous sommes, tous les artistes indépendants Pablo U Wa, Beta Simon… En Côte d’ivoire, j’ai été très peu distribué. Et, pendant mon séjour, je vais d’avantage accentuer ma promotion.

. Qu’est ce qui est prévu pendant ton séjour pour la promotion de ton 4 ème album ?
– Mon nouvel album de 16 titres intitulé ‘’Révolution humaine’’ (Human Revolution) me tient particulièrement à cœur. Je parle du Covid dont on ne connait pas jusqu’à présent l’origine. Et voilà la guerre en Ukraine. Je pense qu’il y a une mafia en place, qui gère l’humain comme une marchandise. Mais où est la place de la spiritualité dans tout ça ? Les gens sont désormais plus portés sur le matériel que sur le spirituel.

. Quel est ton regard sur les acteurs locaux du reggae ?
– J’ai été admirablement surpris des productions que je prends plaisir à écouter. Ras Goody Brown, Jah Light…..il y a des potentiels, tout ce qui manque, c’est l’organisation. Et c’est du gâchis de tous ces talents qui ont du mal à émerger. L’événement Abi Reggae pouvait être un catalyseur. Malheureusement, le festival s’est arrêté. Vivement que les organisateurs et tourneurs aident à promouvoir nos artistes.

. La Côte d’Ivoire occupe-t-elle toujours la 3ème place sur le plan mondial du reggae ?
– Oui, dans mes différents voyages, j’ai pu constater que la Côte d’Ivoire est reconnue mondialement dans le milieu reggae avec Alpha Blondy, Tiken Jah. Malheureusement, n’y a pas encore d’autres noms, mais la Côte d’Ivoire a toujours sa position dominante de 3ème capitale du reggae.

Réalisée par Charly Légende

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