Accueil Causerie Vieux Dosso : «Kouadio, c’était quelqu’un hein !…»  

Vieux Dosso : «Kouadio, c’était quelqu’un hein !…»  

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Dans « Ma Famille » du début des années 2000, Vieux Dosso incarne, avec le regretté Kouadio (DG de l’invisible port d’Abobo), l’un des personnages emblématiques de la « cour commune » avec son lot de promiscuité, de querelles et de commérages.
L’acteur-comédien, producteur et chanteur Vieux Dosso, polygame assumé dans cette fiction (ses épouses étaient Gbazé Thérèse et Ange) a été évidemment attristé par la disparition brutale de son ex-voisin, Kouadio. Dans cet entretien, Tièkoumba Dosso (de son vrai nom) exprime son amertume, alors qu’il doit apparaître dans la prochaine saison de cette super-production à l’ivoirienne.

. Le décès de Kouadio est un autre coup dur pour la « Grande Famille » ?
– J’ai été informé comme tout le monde du décès de mon collègue Kouadio, paix à son âme. En fait, on ne devrait pas dire «la mort m’a surpris». On ne doit pas s’étonner de la mort. Parce que, quoi qu’il arrive, elle est inévitable. Il est vrai qu’elle nous tombe dessus parfois, lorsqu’on s’y attend le moins. C’est ce qui fait le plus mal. Personnellement, ça m’a… (il cherche ses mots : ndlr), ouf… C’est fait, on ne peut rien contre la volonté de Dieu. On ne peut se plaindre de lui ou se révolter contre lui. Le Seigneur nous donne, il nous le reprend. Il lui plaît de faire ce qu’il juge bon. Enfin, les mots me manquent. Sincèrement. Depuis le jour du décès, je n’ai pas fait de commentaires. Paix à l’âme de mon collègue, mon ami. Le samedi 3 juin, il m’a appelé pour me recommander son fils, car j’étais directeur de casting quelque part. Mais c’est la vie. Dieu en a décidé ainsi.

. Comment la nouvelle t’est-elle parvenue ?
– C’est une collègue qui m’a appelé pour me l’annoncer. Jusqu’à maintenant, je suis sous le choc.

. Est-ce qu’en dehors des tournages vous aviez des liens ?
– En dehors des tournages, nous étions devenus des amis dans la vie. C’est vrai qu’on ne se voyait pas tous les jours, en raison des occupations de chacun. Parce qu’avant de se rencontrer sur « Ma Famille », chacun avait son itinéraire, sa carrière. Néanmoins, on s’appelait chaque fois. Et quand on se rencontrait, c’était toujours convivial, joyeux.

. Tu te souviens de votre première rencontre ?
– Notre première rencontre a eu lieu sur le plateau, et ce jour-là j’ai vu quelqu’un de bien, de vivant, de réel. Kouadio ne haussait pas le ton, il était généralement d’humeur égale. Je l’ai vu rarement fâché, ce monsieur. Entre collègues, il arrivait qu’on se chamaille, mais lui et moi, je n’ai pas le souvenir de prises de bec. Il n’était pas hypocrite, il était sincère dans ses rapports avec les autres, pas de faux-semblants. Et je ne vois pas dans cette équipe la personne qui pourra dire que de son vivant cet homme-là lui a une fois manqué de respect. C’était un homme vrai, sincère.


– Ce premier jour, on étaient tous contents. Et dès que nous avons commencé à jouer, le feeling est venu naturellement. Surtout, on avait le même objectif, faire réussir le téléfilm à travers les rôles qu’on nous a assignés. Donc, on étaient solidaires, dans le jeu, dans la création, dans la mise en scène de notre groupe de la « cour commune », dans le rendu… Parce que, je vous le dis, on nous donnait les textes et nous-mêmes on arrivait à nous les approprier, à les façonner pour donner ce que vous avez vu à la télé. Et ce monsieur-là a toujours été disposé chaque fois que notre équipe devait jouer. On se retrouvait le matin pour réviser ensemble, puis on échangeait pour savoir comment chacun sentait ou ressentait la chose, etc. De telle sorte que chaque protagoniste arrivait à faire jouer l’autre pendant le tournage. C’est ce qui a créé ce naturel, cette harmonie pendant les prestations. Et Kouadio qui était avec nous est parti aujourd’hui. C’est un vide pour le cinéma, pour l’art ivoirien.

. Que retenir de Kouadio ?
– De lui, je garderai son humilité, sa fidélité, sa grandeur d’âme, sa sincérité, sa franchise. Comme je l’ai dit, il était dépourvu de toute hypocrisie. Ce n’est pas parce qu’il n’est plus là que je le dis. J’accepte rarement de me prononcer sur les gens après leur décès. Mais ce monsieur le mérite. Il aimait ses collègues. Il était là, tout le temps. Je dirais qu’il était l’aiguille de notre équipe, c’est-à-dire celui qui cherchait à coudre, à réparer quand ça n’allait pas. Malgré sa discrétion et bien que certains ne le considéraient pas à sa juste valeur, il faisait un travail énorme pour cette grande équipe que vous voyiez-là.

François Yéo

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